Le contexte
Lors de sa réunion du 26 septembre 2023, la Délégation aux droits des enfants a lancé une mission flash portant sur les perspectives d’évolution de la prise en charge des enfants dans les crèches. Cette initiative faisait suite à l’audition de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et à la publication de son rapport d’avril 2023 sur les crèches. Les rapporteures, Michèle Peyron (Renaissance) et Isabelle Santiago (PS), ont présenté leur rapport le 8 novembre devant la Délégation aux droits des enfants de l’Assemblée nationale.
L’objectif de la mission
L’objectif principal de cette mission est de repenser la prise en charge des enfants en crèches, en mettant particulièrement l’accent sur les besoins fondamentaux des enfants. La mission vise à dépasser les constats alarmants issus du rapport de l’IGAS et à proposer des solutions concrètes pour garantir un environnement propice au développement des jeunes enfants.
L’audition d’Anne Raynaud et le travail collectif des praticiens des Instituts de la Parentalité
Dans le cadre de cette mission, une attention particulière a été portée à l’audition d’Anne Raynaud et plus largement au travail collectif des praticiens des Instituts de la Parentalité. La participation de l’Institut de la Parentalité au CDSF de Gironde, en tant que pilote du groupe petite enfance accueil collectif, a enrichi la réflexion. Les recommandations ne sont pas seulement le fruit de l’analyse externe, mais également d’une collaboration active avec des praticiens et des experts de terrain.
Ainsi, Anne Raynaud insiste sur la nécessité de créer une « culture commune » reprenant les compétences actualisées sur le développement de l’enfant, la signification de ce qu’est être parent et la connaissance de l’écosystème et des acteurs à qui relayer des informations. Pour Anne Raynaud, il faut donc refonder les formations initiales et sortir du strict soin physique ou des activités de production. Pour donner suite au changement de paradigme à l’œuvre, il faut selon elle que trois « piliers d’habiletés » soient reconnus :
– Les savoirs fondamentaux sur l’enfant (développement de l’enfant, processus de parentalité, système familial) ;
– Les postures professionnelles et les techniques d’écoute active ;
– La connaissance de l’écosystème autour de l’enfant et sa famille pour favoriser l’interconnaissance.
Or, actuellement, les formations initiales sont trop généralistes et pas assez actualisées.
Synthèse des 54 Recommandations
Le rapport, élaboré sur une soixantaine de pages, se distingue par sa clarté et son approche résolument prospective. Les deux rapporteures ont mis en avant 54 recommandations audacieuses, parmi lesquelles émergent des orientations cruciales pour le secteur de la petite enfance.
Le besoin de se former en neurosciences et à la théorie de l’attachement constitue un axe majeur des recommandations. Les rapporteures soulignent l’impératif pour les professionnels de la petite enfance de s’investir dans des formations spécifiques pour mieux répondre aux besoins fondamentaux des jeunes enfants. Cette démarche repose sur la conviction que les avancées en neurosciences sont incontournables pour comprendre et accompagner de manière adaptée le développement psychologique et affectif des enfants en crèche.
Au-delà de la formation, le rapport préconise un investissement massif dans la qualité des formations initiales, avec un accent renforcé sur les stages pratiques. La lutte contre les formations en ligne pour les CAP-AEPE est mise en avant, avec une recommandation claire d’interdiction de ces formations dès la rentrée 2024.
Les rapporteures insistent également sur la nécessité de lutter contre la dérégulation du secteur, remettant en question les modes de financement tels que la PSU et la Paje. Elles proposent des modifications substantielles, comme l’adoption d’un forfait à la demi-journée pour la PSU, et remettent en question la Paje versée directement aux parents des micro-crèches.
Enfin, le rapport suggère une refonte des contrôles, avec la création d’un référentiel national de contrôle axé sur la qualité et la satisfaction des besoins de l’enfant. Les rapporteures proposent également de rendre obligatoires les conseils de crèche dans tous les EAJE, favorisant la participation des parents et la transparence.
Par ailleurs, un changement terminologique pourrait être mis en place, afin de remplacer le terme « contrôle » par « évaluation », car les équipes de PMI souffrent parfois d’être vécues comme « menaçantes ».
En conclusion, la mission flash sur les perspectives d’évolution de la prise en charge des enfants en crèches offre un ensemble de recommandations ambitieuses pour remodeler le paysage de l’accueil collectif de la petite enfance. Ces propositions, ancrées dans une vision globale centrée sur les besoins fondamentaux des enfants, représentent un appel urgent à une réforme significative du secteur pour assurer un développement sain et épanoui des jeunes enfants en crèche.
L’Institut de la Parentalité vous forme sur ces thématiques
Pour rappel, l’Institut de la Parentalité propose des formations directement en lien avec ces préoccupations (notamment à travers un parcours spécifique axé sur les problématiques des EAJE).
Retrouvez ici toutes les formations concernées :
Attachement et protection de l’enfant
Mod base – Théorie de l’attachement : socle commun en EAJE
Mod thématique – Parents – Enfants – Professionnels : une triade incontournable
Mod thématique – Accueil occasionnel : garantir la sécurité affective
Retrouvez la vidéo de l’examen du rapport de la mission flash portant sur les perspectives d’évolutions de la prise en charge des enfants dans les crèches, ainsi que le rapport d’information :