L’école est un droit pour tous, c’est un pilier structurel et structurant pour les enfants. Le temps de l’école est rectiligne, disciplinaire et ritualisé. Nos enfants sont avec leurs copains, ils s’exercent à la vie en société et suivent le rythme scolaire impulsé par l’institution et les enseignants. Il y a les récréations, les temps individuels et les temps de groupe. Cet espace permet l’émulation entre les élèves, ils s’y autonomisent et apprennent à faire avec d’autres règles, d’autres manières de communiquer, de s’exprimer, parfois aussi, ils s’y découvrent avec plus ou moins de facilité.
S’il est essentiel et fondamental de conserver des rythmes stables et prévisibles dans lesquels les enfants pourront investiguer et faire de nouveaux apprentissages, la forme que prennent ces temps n’est pas toujours confortable. En tant que parents face aux exigences des contenus pédagogiques reçus, nous manquons vite de patience, nous avons parfois peur d’être trop négligents lorsque nous voyons passer des erreurs, et nous sommes pris par l’angoisse de faire prendre du retard à notre enfant lorsqu’il se décourage. Pourtant, l’enfant chute 1000 fois avant de savoir marcher. Vous connaissez votre enfant et il vous connait également très bien. Si vous vivez des tensions trop importantes sur ces temps d’école, alors, peut-être que cette modalité ne convient pas à votre famille. Osons nous écouter, accueillir ce qui nous traverse et faire avec, même quand cela est désagréable, en nous respectant et en respectant nos enfants. La continuité pédagogique est avant tout la nécessité d’entretenir un lien étroit entre les professeurs et les enfants. Certains enseignants se sont saisi de cette période de confinement et de cette continuité relationnelle avec leurs élèves pour couvrir les enjeux existentiels jamais si éloignés d’ailleurs de la scolarité. Etre parent et être enseignant sont deux fonctions qui ne mobilisent pas les mêmes compétences, ni les mêmes enjeux affectifs. Soyez indulgents avec vous-même, avec vos enfants, avec les enseignants aussi. Nous apprenons tous en ces temps difficiles à faire autrement sans y avoir été préparés. Communiquons chacun depuis notre endroit autour de nos difficultés, échangeons avec les autres parents, avec les enseignants et avec nos enfants.
Considérons les enfants comme des partenaires actifs, doués de compétences qui sont force de proposition dans leur développement. Si votre enfant est bloqué et ne veut pas faire cette leçon, comment alors peut-on lui permettre de jouer avec le contenu pédagogique autrement ? De nombreux outils fleurissent chaque jour. Nous pouvons diviser la difficulté, l’étaler dans le temps, y revenir par petites touches ou décider d’y retourner plus tard une fois pour toute se préparant ainsi à la satisfaction du travail accompli. Nous pouvons contacter d’autres élèves de la classe qui peuvent venir soutenir l’enfant, regarder une petite vidéo en lien avec le sujet ou appeler quelqu’un (comme un de nos aînés par exemple) qui pourrait transmettre son savoir d’une autre manière. Nous savons que le stress, la peur, la pression coupent l’envie, le désir d’apprendre et empêche même le processus d’apprentissage. Simone Weil disait que « l’intelligence ne peut être menée que par le désir ».
Ainsi, dans ce temps inédit à durée indéterminée, un nouveau défi s’invite dans la vie des parents et des enseignants telle une nouvelle opportunité de repenser notre relation à la discipline et à l’éducation et de faire du temps scolaire un espace d’enrichissement mutuel qui nous aide tous à grandir et à penser le monde.
Céline Robert, formatrice psychomotricienne de l’Institut de la Parentalité
l’équipe de l’institut de la parentalité vous accompagne dans cette période de confinement par des articles, des permanences conseil téléphoniques gratuites, des téléconsultations, et se tient à votre disposition pour échanger. 07.690.990.73.