Un sentiment d’accomplissement et de sécurité !
On entend parler de ce concept comme d’un élément novateur. Or, c’est Emmi Pickler, pédiatre hongroise qui a développé et initié ce concept dans les années 60. Dans la pouponnière qu’elle dirige à Budapest, l’Institut Loczy, elle applique ce principe en laissant les enfants évoluer librement.
Et elle découvre que non seulement le développement moteur s’acquiert naturellement et dans un ordre bien précis, mais aussi que cette liberté donnée aux enfants leur apporte un sentiment d’accomplissement et de sécurité.
La motricité libre revient dans le discours des professionnels au regard des nouvelles recherches sur les neurosciences. En effet, la motricité libre est une manière d’aborder le développement de l’enfant : moteur mais aussi psycho-affectif.
Le nouveau-né, qui deviendra nourrisson, a besoin d’être entouré physiquement pour se construire et développer sa sécurité affective, et c’est grâce à cette sécurité de base acquise qu’il va pouvoir explorer son monde en développant sa motricité.
En grandissant, la motricité libre permet à l’enfant d’acquérir plus de confiance en lui et plus d’autonomie car l’enfant se construit par lui-même.
Les bienfaits de la motricité libre sont pluriels : séparations facilitées, plus grande autonomie, enfant « à l’aise » dans son schéma corporel, rapport à son propre corps et à celui des autres plus aisé, etc…
En pratique, on fait comment ?
Quand on parle de motricité libre, cela ne veut pas dire que l’adulte doit poser l’enfant et attendre que l’enfant découvre son corps par lui-même ! L’adulte a un rôle extrêmement important à ce moment là tant au niveau de l’aménagement de l’espace que de la présence proximale.
En effet, l’enfant n’explore jamais le monde seul, l’adulte est présent pour l’accompagner et l’encourager dans ses découvertes, mais il ne fait pas les choses à sa place. Son rôle est d’offrir une contenance psychique au tout-petit, c’est à dire lui accorder une attention de tous les instants et savoir précisément où il en est dans son développement.
D’une manière générale il s’agit de laisser à l’enfant la possibilité de se mouvoir et d’explorer librement son environnement. L’enfant fait ses acquisitions de façon autonome il faut donc éviter de le contraindre dans une position dans laquelle il ne sait pas se mettre (ou en sortir) seul.
Dès les premiers mois, il est alors possible d’installer l’enfant au sol, sur un tapis avec différents jeux posés autour de lui pour lui donner envie d’explorer.
La motricité libre ne consiste pas à laisser le tout petit faire seul avec une surveillance éloignée, il s’agit de le laisser expérimenter seul avec son corps mais l’adulte est présent pour l’accompagner verbalement : l’encourager, lui donner confiance, installer des objets à disposition pour que l’enfant ait envie d’avancer.
Le regard bienveillant de l’adulte reste primordial pour que le tout petit se sente en sécurité. L’estime de soi est en pleine construction et le regard encourageant et aimant des adultes référents est un miroir formidable pour le jeune enfant.
De quoi ai-je besoin ?
Un tapis d’éveil au sol suffit (un tapis ferme sera plus intéressant qu’un tapis en tissu qui glisse sous les pieds)!
L ’essentiel est de réagir à ses progrès, lui laisser les initiatives motrices en n’anticipant pas à sa place. Si l’enfant manifeste son mécontentement d’être laissé au sol, on peut s’allonger à ses cotés pour lui faire découvrir les plaisirs du jeu dans cette position. C’est dans le regard de l’adulte qui prend plaisir à être dans cette position que l’enfant va arriver à se détendre et accepter cette position à son tour.
Pas de matériel particulier n’est nécessaire mais un aménagement de l’espace peut être intéressant afin de sécuriser au maximum la maison. Si l’enfant entend « non » ou « ce n’est pas permis de toucher cela » cela peut être déstabilisant et surtout freiner les acquisitions psychomotrices.
Des vêtements amples et adaptés ainsi que les pieds nus ou avec des chaussons à la semelle souple peuvent être intéressant pour découvrir ce nouveau monde plus facilement.
Ainsi on range transat, coconababy ou autre objet qui peuvent entraver les mouvements autonomes de l’enfant.
Focus sur le trotteur (youpala) : attention, le trotteur type youpala est fortement déconseillé : il représente un vrai danger pour la sécurité physique de l’enfant et pour son développement. Ce type de trotteur est par exemple interdit au Canada. Il n’est pas stable, il entrave ses mouvements et peut se renverser facilement.