L’être humain a en lui une fonction naturelle qui le pousse à « prendre soin d’un autre ». C’est un système, appelé aussi le « caregiving », qui est comme une corde sensible prête à rentrer en résonances et à réagir à tout individu en détresse et notamment le bébé, si vulnérable au début de sa vie. Il est indispensable que des personnes prennent soin du nouveau-né, du jeune enfant, lorsqu’une situation peut le mettre en danger ou lorsqu’il exprime une détresse (froid, faim, besoin de sommeil ou de réconfort…) et qu’il ne peut pas y faire face seul. Il est donc essentiel pour la survie du bébé, mais aussi pour l’espèce. Ainsi l’adulte est « fait » pour être fortement affecté par la détresse du nouveau-né et ainsi pouvoir lui apporter aide et secours.
Et lorsque l’adulte ne parvient pas à apaiser un enfant ?
Dans ces moments où malgré toutes nos tentatives, bébé ne parvient pas à se calmer, l’adulte se trouve alors dans un état d’inconfort, il a la sensation de ne pas y arriver. La tension de bébé finit par devenir difficile à supporter pour le parent, le sentiment d’impuissance s’installe face à la détresse de l’enfant… La tension monte aussi chez l’adulte, le corps devient plus rigide, les mâchoires se serrent, les pensées tourbillonnent et le souffle se raccourcit : Le parent entre lui-même en situation de détresse…
La tension intérieure du parent ou de l’adulte qui s’occupe de l’enfant va prendre le dessus, pour un temps, sur sa possibilité à rester empathique et en relation avec son enfant. L’adulte ou le parent est comme « débordé » émotionnellement par la situation. Sa propre détresse le coupe alors, provisoirement heureusement, de cette capacité à se mettre au service de la détresse d’un autre, et met en une situation de rupture de lien avec son enfant.
Repérer ses propres états de tension
Pour que ces situations de détresse parentale et de coupure de la relation à l’enfant restent un moment normal mais « court », il est important que l’adulte apprenne à identifier cet état en lui. Par l’expérience, il peut commencer par observer puis repérer la sensation de tension corporelle en lui : est-ce que ce sont mes épaules qui se tendent, la nuque qui se rigidifie ? Est-ce que j’ai l’habitude de serrer mes mâchoires, serrer les dents quand je suis en situation de tension ? Est-ce que me monte une boule au ventre ou dans la gorge ? L’adulte peut aussi repérer que chez lui, ce sont plus des émotions ou des pensées qui l’envahissent à ce moment-là, souvent les mêmes, et qui peuvent faire « signal » petit à petit : Je me sens très en colère… J’ai envie de partir et de tout laisser en plan… Je ne vais pas y arriver… J’ai juste envie de pleurer avec mon bébé…
La première étape essentielle est bien de se « rendre compte » que c’est un moment difficile, pour ensuite pouvoir trouver de la ressource. Cela peut paraître évident, mais n’est pas si facile dans ces moments où l’on se sent débordé. C’est par cette étape que l’adulte peut ensuite prendre du recul, reprendre conscience que c’est un moment « provisoire », et que cela va passer… Puis de pouvoir donc solliciter les différentes ressources que l’on a en tant que parent, ou adulte prenant soin des enfants, ressources que l’on aura identifiées et précieusement collectées pour les nombreux moments de détresse dans la vie de parent !
Laurence RENAUD, psychomotricienne