A l’institut de la Parentalité, nous avons l’habitude de parler de réservoir, réservoir d’énergie et aussi réservoir affectif pour illustrer ce que nous percevons tous très bien d’une énergie et disponibilité qui se grignotent au fur et à mesure que la journée ou la semaine avance et peut entraîner un épuisement de nos ressources.
Nous avons tous connu ce moment où après notre journée de travail, nous nous sentons « à plat », « sans jus ». Cela signifie que notre réservoir est vide et que nos ressources s’épuisent. Pourquoi et comment se vide notre réservoir ? Comment le remplir ? Comment aider notre enfant avec son propre réservoir ?
Ce réservoir nous en possédons tous un. Il nous permet – lorsqu’il est rempli- d’être en forme, disponible, productif et attentif. Il nous permet également de raisonner plus facilement, prendre du recul, analyser les situations sans se sentir débordé. Il augmente notre fenêtre de tolérance, notre capacité à accueillir des situations perturbatrices ou encore les émotions parfois vives de nos enfants. Parce qu’il est rempli, notre réservoir nous permet de voler et faire face en cas de tempête. Nous relativisons toujours plus en revenant de vacances, reposé et en forme, car notre réservoir a pu se remplir. Comme le réservoir d’un avion, notre réservoir se vide au fur et à mesure que nous effectuons nos heures de vols. Il nous faut donc être bien attentif à la jauge du carburant. Lorsque celle-ci nous indique que le carburant est sur la réserve, elle nous indique qu’il nous faut être raisonnable, faire une pause, dire stop aux heures de vol et le re remplir avant que la réserve soit épuisée. Sans cela, voler va s’avérer très compliqué.
Pourquoi et comment se vide mon réservoir ?
Le stress, les préoccupations (économiques, familiales…), les conflits (au travail, dans le couple…), entament notre réservoir. La fatigue agit elle comme une perceuse qui après avoir percé de petits trous dans notre réservoir entraîne des fuites qui le videront plus rapidement.
L’absence de temps pour soi entraîne également le réservoir à se vider plus rapidement car il puise dans ses réserves sans être rempli pour autant.
Conséquence ?
Tout est plus difficile et plus coûteux, c’est-à-dire que le quotidien nous demande un effort. Notre fenêtre de tolérance se réduit, celle des frustrations s’agrandit et nous éprouvons plus de difficultés à apaiser notre esprit, traverser nos émotions sans nous laisser envahir par elles, nous nous sentons « à bout de nerfs », « prêt à craquer ».
Comment remplir mon réservoir ?
Le réservoir se rempli de tout ce qui nous fait du bien et de repos. La question à se poser est donc : qu’est ce qui me fait du bien ? Respirer, voir des amis, faire une sieste, faire du sport, appeler sa famille, méditer, faire un jeu de société avec les enfants… ? Comment puis-je me reposer ? C’est à nous de dresser la liste des activités qui procurent « ce carburant ». Une fois la liste dressée, il est temps d’aller faire le plein.
Et du côté des enfants ?
Les enfants possèdent eux aussi leur réservoir. A la différence du notre le leur, se vide plus rapidement. Ils sont le pilote d’un plus petit avion avec un réservoir moins conséquent, les heures de vols en « autonomie » sont donc réduites.
Lorsque leur réservoir est vide, ils peuvent être en difficulté pour répondre à nos demandes, rester concentré, être emporté plus rapidement par leurs émotions, se sentir insécurisé ou incapable… Leur réservoir est dépendant comme le nôtre de leur fatigue et est plus sensible à leur environnement du fait de leur dépendance aux adultes.
S’il se vide plus vite il peut se remplir aussi plus vite. L’écoute, la disponibilité des adultes, les contacts physiques, les câlins, les moments de jeux sont de véritables ressources qui remplissent le réservoir de notre enfant. Ralentir le rythme pour les enfants comme pour les adultes permet également de ralentir la fréquence des vols et d’avoir des réservoirs qui se vident moins vite.
Anaïs Thétiot, psychologue clinicienne et Formatrice, à l’Institut de la Parentalité