Difficile de ne pas être déranger par l’agitation d’un enfant. Les adjectifs qualificatifs sont alors nombreux : remuant, turbulant, déchainé, voire hyperactif. Ils peuvent aussi renvoyer une image d’enfant opposant, provocateur, un peu comme si vous aviez un « mini ado » à la maison. Que cache cette agitation ? Est-ce normal ? Quelles peuvent en être les causes ? Finalement, c’est aussi assez normal qu’un enfant bouge : c’est un moyen pour lui de s’exprimer et d’explorer son corps et son environnement.
L’agitation n’est pas un diagnostic.
Il peut être tentant de poser l’étiquette d’« hyperactif » à un enfant qui bouge sans cesse. Il est alors important d’être prudent. Il s’agit d’un diagnostic médical qui justifie l’existence de signes très spécifiques et l’agitation motrice ne peut être seul critère pour poser ce diagnostic. Il est nécessaire de consulter un médecin si son agitation impacte beaucoup sa vie à la maison et à l’école.
Il existe pourtant de nombreuses causes de l’agitation chez l’enfant. C’est en l’observant de manière plus précise que vous pourrez mieux le comprendre.
Il est tout d’abord normal qu’un enfant bouge. L’enfant a besoin de bouger et une certaine agitation est donc naturelle. Certains ont besoin de plus bouger que d’autres. Peut-être que votre enfant a un peu plus d’énergie que d’autres enfants et son agitation n’a rien d’inquiétant, même si elle peut être difficile à supporter pour vous. Plus son développement avance, plus l’enfant est en capacité de limiter ses mouvements, car sa motricité s’améliore. Cependant, cette agitation reste habituelle et pas pathologique en classe maternelle.
Peut-être que votre enfant manque de sommeil. Il a du mal à s’endormir ou des réveils nocturnes ponctuent sa nuit. Il devient alors irritable la journée. Il peut s’opposer, râler et s’agiter. Difficile pour lui de porter une attention soutenue sur ces activités. Il lutte et résiste à la fatigue en remuant et en papillonnant.
Il y a peut-être quelque chose dans son environnement qui lui fait peur. L’ambiance à la maison est très tendue, avec des disputes régulières ou des problèmes financiers qui impactent le quotidien. Ou il se sent délaissé car son petit frère est né ou encore vous venez de démanger. Il peut aussi arriver que papy soit malade, c’est très grave et il s’inquiète beaucoup pour lui.
A la crèche, sa référente n’est plus là et il ne sait pas qui va l’accueillir tous les jours. Il n’a pas non plus identifié qui vient le chercher le soir. Il y a beaucoup d’enfants dans son groupe et les professionnelles qui prennent soin des enfants, ont finalement peu de disponibilités. Et c’est difficile pour lui…
A l’école, il a peur de ne pas être à la hauteur des attentes de la maitresse. Il doit se tenir sage, et faire toutes les activités que maitresse demande. Mais c’est vraiment beaucoup pour lui. Il aimerait tant jouer plus longtemps. Il a bien le temps pour apprendre les maths et le français, alors qu’il a à peine 4 ans…
Derrière ces signaux d’agitation et de provocation, qui induisent de l’antipathie et du rejet, se cache un enfant qui manifeste un sentiment de peur. Mais il n’est pas facile de décoder son comportement et les adultes posent rapidement des adjectifs qualificatifs de tyrannique, méchant ou violent, alors que cet enfant « qui attaque » est un enfant « qui se défend ». Plus l’adulte les menace et les rejettent, plus ils vont avoir peur et plus, ils vont s’agiter et s’opposer ; Un cercle vicieux dont l’enfant seul ne peut sortir.
La nature de l’environnement (familiale, scolaire, sociale…) est un élément essentiel à son équilibre émotionnel. Une attention particulière doit ainsi être portée sur la manière de communiquer avec lui mais également comment ses différentes figures d’attachement communiquent entre elles. La stigmatisation, les menaces ou les punitions répétées vont aggraver son sentiment de peur et amplifier son agitation et son attitude provoquante et perturbatrice.
Tous les enfants ont besoin de percevoir dans notre regard, que nous comprenons, ce qu’ils vivent et que nous sommes sensibles à leurs besoins.
Cela peut se manifester par différentes attitudes. En voici quelques clés :
Nous, les adultes, nous ne nous rendons pas souvent compte de tout ce que vit l’enfant et nous lui en demandons finalement beaucoup ! D’être calme, d’être raisonnable, de comprendre nos obligations de grands, de nous aider…. Et si nous les regardions juste comme des enfants, des êtres encore vulnérables, qui ont besoin de nous pour grandir et comprendre le monde ! Nous pourrions alors décoder que derrière leur agitation, voire agressivité se cache la peur et le besoin d’être rassuré.
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