Une belle équipe !

Elles sont sept à partir autour du Dr Anne Raynaud, fondatrice et directrice de l’Institut et de Michel Jorge, directeur adjoint : Christelle Gary, directrice de la formation, Laurine Brunet, formatrice et responsable du pôle formateurs/formatrices, Pauline Goutodier, psychologue et coordinatrice pour la Fédération des Praticiens de la Parentalité, et 4 praticiennes, formatrices et responsables d’Instituts de la parentalité à Rennes, Bourg la Reine ou Paris Nanterre : Nolwenn Decaux Ferré, Noémie Lavoine, Sabine Mazaud (pédiatres) et Karine Guilbaud (orthophoniste). 

“On part se nourrir, écouter, échanger, voir où nos amis canadiens en sont ”, résume le Dr Anne Raynaud qui n’en est pas à son premier voyage au Canada. Dès le démarrage de l’Institut en 2017, elle a noué des liens forts avec ce pays et ses acteurs majeurs de l’Attachement.  

“L’ADN de l’Institut c’est l’innovation, explicite Michel Jorge, ne jamais être dogmatique, se nourrir au contraire des évolutions, en termes de connaissances théoriques ET d’expérimentations « . D’où l’élaboration d’un programme riche, où alternent les rencontres avec des chercheurs, des cliniciens et des acteurs du terrain.   

Les liens de l’Institut avec le Canada

“Au Québec, j’ai le sentiment d’être chez moi ! ” confie le Dr Anne Raynaud. Cette destination n’est pas un hasard. Elle a noué des liens avec le Canada dès les débuts de l‘Institut. “J’ai découvert l’attachement bien après avoir fait mes études de médecine, en suivant un diplôme de psychiatrie périnatale ”, se souvient-elle. Elle a creusé le sujet avec un DU d’attachement, avant de croiser la route du chercheur québécois George Tarabulsy. Ils ne se perdront plus de vue ! Anne Raynaud le considère comme le “parrain” de l’institut. Lui, fait avancer la recherche tout en se nourrissant du terrain ; elle, s’applique à nourrir sa clinique et son expérience du terrain, de la recherche. Ils partagent un même état d’esprit : mettre en commun ce qu’ils expérimentent. Recherche-action-formation : 3 maîtres mots pour ces deux-là !  

La rigueur scientifique

“L’Institut de la Parentalité se doit d’être constamment en adéquation avec la recherche sur l’attachement, rappelle le Dr Anne Raynaud, toujours rigoureux sur le plan scientifique à travers ses interventions, ses formations”. Or les Canadiens sont à la pointe de cette recherche. “On n’a jamais fini d’apprendre sur l’attachement, précise-t-elle, c’est une théorie vivante qui permet, à travers les travaux des uns et des autres, de continuer à faire des découvertes. Comment peut-on encore affiner ce qu’on fait ? En tant que formateur, on a besoin d’aller chercher les travaux de recherche pour être plus pointu encore.” 

Rendez-vous à Boscoville

Source : Mémoires de Boscoville et Jean-Paul Déom

Le voyage commencera assez logiquement sur le site historique de Boscoville. C’est ici que des Canadiens ont inventé la psychoéducation dans les années 1960 (voir encadré).  

A l’origine, c’est un modeste camp d’été, établi dans les années 1940 par le père Albert Roger de la congrégation des Pères de Sainte-Croix, dont l’objectif est de révolutionner les modes d’intervention auprès des jeunes en difficulté. L’ambition est de centrer l’intervention sur les besoins des jeunes, en leur attribuant des responsabilités et en favorisant une atmosphère relationnelle positive, basée sur l’entraide et la compassion. Le concept de Boscoville est né. Dans cette microsociété où les jeunes acquièrent des compétences qui en font des citoyens responsables, un système scolaire innovant leur permet de travailler à leur rythme, avec un soutien adapté à leurs besoins, leur potentiel, leurs objectifs individuels. Au début des années 2000, Boscoville redéfinit sa mission : l’organisme s’engage à investir dans le développement d’interventions novatrices. L’objectif est ambitieux : développer une méthode de travail visant à rapprocher la recherche et la pratique. Autrement dit, s’allier avec des chercheurs intéressés par la recherche-action, le transfert de connaissances et le partage d’expertise. L’équipe professionnelle développe des programmes à destination des jeunes et des familles (prévenir la dépression ; développer la résilience d’enfants victimes de traumatismes ; améliorer le climat scolaire, promouvoir les capacités parentales…), mais aussi des stratégies d’implantation et de gestion du changement.  

“Fort de leur ingénierie en psychoéducation, pointe Michel Jorge, les équipes réfléchissent sur la manière de faire de l’ingénierie innovante. C’est très inspirant pour nous qui souhaitons aller plus loin en ingénierie de formation ! ” 

Pour l’équipe de l’Institut, les rencontres se poursuivront à l’Université Mac Gill à Montréal (qui travaille avec Boscoville), autour d’une présentation du modèle américain ARC * acculturé au Canada (voir encadré)

Si l’équipe française vient s’inspirer de ces travaux, elle sera aussi sollicitée par les Canadiens sur le déploiement des instituts en France. “ Les Canadiens travaillent à partir de publics cibles précaires, dans une démarche de protection, commente le Dr Anne Raynaud. Notre lecture, plus universelle, s’inscrit dans une démarche de prévention : intervenir le plus précocement possible, quelque soient les publics. Nos partages d’expérience vont être nourrissants !” 

Boscoville et la naissance de la psychoéducation

Boscoville est un lieu physique mais aussi un mouvement. Au milieu du 20e siècle, l’intérêt pour la psychologie de l’enfance et de l’adolescence s’accroît. De nombreux chercheurs tentent de mieux comprendre et soutenir le développement des jeunes. Des théories influentes telles que celles de Piaget sur le développement, de Bowlby sur l’attachement, de Bandura sur l’apprentissage social, ou de Kohlberg sur le développement moral émergent dans ce contexte.   

Après des débuts en tant que moniteur au camp d’été de Boscoville, Gilles Gendreau entreprend un voyage en Europe pour approfondir ses connaissances. A son retour, il s’engage dans des recherches et des collaborations avec des figures pionnières telles que Jeannine Guindon, jetant ainsi les bases de la psychoéducation.   

La collaboration entre le Centre d’Orientation, dirigé à l’époque par Jeannine Guindon, et Boscoville, donne naissance à une nouvelle approche d’intervention, combinant psychologie et pédagogie pour exercer un savoir-faire clinique basé sur une conception humaniste, mêlant connaissances théoriques et expérientielles.   

La psychoéducation émerge comme une discipline novatrice, au service des jeunes en difficulté. 

Le Modèle ARC

Le modèle Attachement, Régulation, et Compétences (ARC) a été développé aux Etats-Unis, par une travailleuse sociale et une psychologue clinicienne de Boston. Il s’agit d’une approche basée sur la théorie du trauma, de l’attachement et du développement. Le modèle ARC vise à soutenir la réadaptation des enfants et des adolescents ayant vécu de multiples traumatismes, en outillant notamment les adultes qui en ont la garde.  

Cette approche permet de soutenir les éducateurs dans les attitudes à développer face à ces personnes blessées et parfois blessantes, avec des moyens à mettre en place pour favoriser un sentiment de sécurité, apprendre la régulation des émotions et aider la construction de l’identité à travers l’acquisition de compétences. 

Le modèle ARC a été implanté dans des unités de réadaptation de plusieurs centres jeunesse au Québec. 

Interdisciplinarité, expérience de terrain et recherche

 Rencontres suivantes au Centre hospitalier universitaire mère-enfant, le CHU Sainte Justine, à Montréal, où le Dr Jean-François Chicoine exposera l’évolution de la démarche pédiatrique sociale dans son service de pédiatrie : comment l’attachement a fait évoluer l’approche pédiatrique dans un hôpital et dans un pays ? 

C’est la diversité des approches et des expériences qui va nourrir l’équipe de l’Institut tout au long de la semaine. Comme en témoigne, la suite du programme, avec la présentation du “video feedback” ou “rétroaction video”, par des chercheures de l’Université du Québec à Montréal et Trois-Rivières : un programme d’interventions basées sur des séances filmées entre parents et enfants en situation très difficile (“bord de falaise” disent les québécois). Le vidéo-feedback permet au parent de se faire observateur de ses interactions avec son enfant et de relever ce qu’il est prêt à travailler. 

La rencontre avec des chercheures, travailleuses sociales et psychologues, spécialistes des populations autochtones, des questions d’adoption ou de psychiatrie périnatale, permettra de travailler successivement sur les notions d’impact du système familial (“l’écosystème”), ou d’impact transgénérationnel – comment les événements adverses vécus par un parent ou un grand parent impactent la trajectoire développementale d’une génération à l’autre. L’équipe découvrira aussi un programme de psychiatrie périnatale à Québec, qui reçoit des femmes adultes présentant des troubles mentaux (anxieux, affectifs, alimentaires, etc), associés à la grossesse et au postpartum. 

La semaine s’achèvera avec une journée exceptionnelle à l’école de psychologie de l’Université Laval à Québec, en compagnie du Pr George Tarabulsy, qui présentera toutes les actualités des dernières recherches du Centre de recherche de l’Université, le CRUJef.  

“Ce voyage est une aventure humaine et professionnelle, conclut Michel Jorge. Il répond à notre besoin de connaissances toujours actualisées, mais aussi à notre volonté de faire, d’agir. Le bilan sera majeur : comment tous ces éléments ponctuels rassemblés viendront-il résonner avec nos besoins sur le terrain en France ? Comment réussir à les acculturer, les implanter à nos dispositifs, à nos impositions légales, juridiques, financières en France ? Ce sera tout l’enjeu de notre travail à notre retour !” 

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