Ré explorer l’extérieur, une histoire de sécurité avant tout
Ressortir, reprendre le travail ou l’école autrement dit ré explorer nécessite de se sentir sécurisé. Ce sentiment de sécurité interne nous allons le percevoir à partir de notre vécu du confinement et également de notre perception des menaces ou stresseurs que nous identifions dans notre environnement et des ressources internes et externes qui sont accessibles. Cette balance entre stresseurs et ressources est essentielle et il s’agit pour nous – dans cette période de déconfinement – de trouver le juste équilibre. Les stresseurs peuvent être le retour à l’école, ou au contraire le fait de rester à la maison, ils sont différents d’une personne à l’autre. Les ressources peuvent être des ressources internes et/ou externes : les ami(e)s, les temps à soi, de lecture, de sport, le suivi thérapeutique engagé…. L’enjeu est donc d’identifier quels sont nos stresseurs, quelles sont nos ressources et, comment à partir de ces stresseurs et ces ressources nous pouvons prendre nos décisions pour augmenter nos ressources et diminuer nos stresseurs.
Si les stresseurs sont en trop grand nombre, notre fenêtre de tolérance risque de se réduire et nous pouvons nous sentir très activé sur le plan émotionnel avec un sentiment de débordement voire d’épuisement et d’impossibilité à reprendre notre rythme habituel. Parce que le confinement a pu être un stresseur en soi, avec la multiplicité des rôles à tenir, (cf article le parent multi tâche), il est important de nous accorder du temps pour savoir où nous en sommes : Où en est mon réservoir ? A-t-il pu se remplir pendant le confinement ou au contraire a t il été vidé intensément (cf. article mon réservoir est vide), quels sont mes besoins ? Rappelons-nous que nous ne pourrons ré explorer qu’une fois que nous aurons ressenti un sentiment de sécurité interne.
Avoir confiance en ses capacités d’adaptation, les nôtres et celles de nos enfants
L’école reprend et nous ne les sentons pas enjoués, nos enfants nous expriment leurs doutes et inquiétudes qui raisonnent parfois avec les nôtres. Quelles réponses leurs donner nous qui n’avons aucune certitude ? Comment les rassurer quand nous nous sentons nous-mêmes inquiets ? Pouvons-nous les aider à s’ajuster, s’adapter ? Comment ?
L’être humain est doté de capacités d’adaptation et d’une plasticité cérébrale qui lui permettent de s’ajuster, de compenser et d’apprendre en continue. Durant cette période particulière de confinement et de déconfinement, ces capacités d’adaptation ont continué et continue d’être à l’oeuvre. Elles nous amènent naturellement à trouver par exemple d’autres moyens d’être proches et de se dire bonjour. Ce travail d’adaptation les enfants le font eux aussi et spontanément : Julie 5 ans réalisant qu’elle n’allait plus pouvoir jouer à touche-touche me raconte qu’elle va dorénavant jouer à cache-cache et 1,2,3 soleil car « comme ça on joue sans se toucher ». Paul 6 ans invente pleins de façons de se dire bonjour sans se toucher, en faisant un cœur avec ses mains, en envoyant des bisous avec ses mains, en regardant profondément.
Les émotions – parfois perturbatrices – qui apparaissent sont de parfaits indicateurs de ce travail d’adaptation qui peut générer temporairement un inconfort et de l’appréhension. Certains enfants peuvent ressentir de la colère et ne pas avoir envie de reprendre l’école parce qu’il va falloir se séparer et retravailler en classe, d’autres ressentir de la tristesse parce qu’ils ne pourront pas faire de câlins à la maîtresse. Nous avons perdu nos repères et devons en créer de nouveaux, réapprendre à se retrouver à l’extérieur, prenons le temps nécessaire pour le faire.
Suivre la temporalité de notre enfant…
L’enfant est dans une dynamique centrée sur l’instant présent et des préoccupations qui le concernent directement : l’école, les copains, les adultes qui veillent sur eux… Cette temporalité de l’instant présent est une caractéristique de l’enfant sur laquelle nous pouvons nous appuyer dans cette période de déconfinement car il est difficile pour nous de se projeter dans un après inconnu. En suivant ce rythme, nous nous ajustons aux besoins de nos enfants : avoir des journées structurées et des rythmes progressifs et soulageons notre angoisse d’adulte qui nous encourage parfois à anticiper, à programmer et penser toujours à l’instant d’après. Ce déconfinement nous impose de vivre l’instant présent avec une acuité différente et peut nous inviter à ré organiser des rythmes de vie en accord avec nos rythmes internes.
… Et la nôtre
Ce déconfinement, nous le vivons avec notre sensibilité mais aussi en fonction de notre temporalité. Nous pouvons nous sentir prêt, impatient et parfois – au contraire – avoir l’impression que cela arrive trop tôt. Parce qu’on peut avoir besoin d’un temps d’adaptation, ne pas se sentir sécurisé et rassuré par les préconisations annoncées, craindre de remettre notre enfant à l’école ou pour notre reprise au travail, il est important d’écouter nos émotions et besoins. Et, de s’autoriser si cela sonne juste pour nous, à se dire que ce n’est pas encore le bon moment pour nous et pour notre enfant. Cet extérieur, bien connu a pu devenir étrange et étranger et les aménagements de nos espaces, de nos habitudes nous angoisser. N’oublions pas que nous pouvons nous appuyer sur notre chaîne de sécurité: amis, familles, lieux ressources, thérapeute… dans cette intervalle.
Anaïs THETIOT, psychologue et formatrice de l’Institut de la Parentalité
L’équipe de l’institut de la parentalité vous accompagne dans cette période de confinement par des articles, des permanences conseil téléphoniques gratuites, des téléconsultations, et se tient à votre disposition pour échanger. 07.690.990.73.