Notre vécu du temps est composé de deux dimensions. Le temps est linéaire : c’est ce temps qui passe, avec un passé qui est derrière, un futur qui est devant et nous sommes dans un présent sans cesse renouvelé. En même temps, ce temps que nous vivons est cyclique. Nos journées se répètent, nous avons chaque jour des moments rituels qui se reproduisent et deviennent des repères essentiels d’organisation de notre quotidien : L’heure de partir à l’école ou à la crèche, l’heure « des papas et des mamans », le bain avant le dîner…
Le temps est un des repères les plus difficiles à acquérir pour les enfants, car nous n’avons pas de « sensations » qui nous informent sur le temps (contrairement à l’espace par exemple avec le toucher, la vue qui nous renseignent sur les distances, les profondeurs etc.). Le temps n’est alors perceptible qu’à partir du moment où l’enfant est capable de se le représenter dans la tête et donc capable de faire appel à sa maturité cérébrale, pour construire des repères de temps.
C’est ainsi que tous les événements qui se reproduisent « toujours pareil » chaque jour sont des événements très importants pour se constituer comme des rituels prévisibles, organisateurs du quotidien. Ils permettent pour l’enfant de constituer un environnement stable mais également de construire des repères que l’on dit intériorisés : ils sont dans la tête, peuvent être anticipés ou au contraire absents exceptionnellement puisque l’enfant les a construit dans ses représentations mentales. Bien sûr les événements du quotidien nous amènent chaque jour à adapter un peu ces repères qui ne peuvent être immuables ou figés , et nous nous ajustons avec cohérence aux imprévus. Ainsi, en offrant des repères suffisamment identiques chaque jour, nous favorisons le sentiment de sécurité dont notre enfant a besoin.
Dans cette période, nos rituels habituels sont complètement bousculés, autant pour les adultes que pour les enfants. Pouvoir instaurer des événements « toujours un peu pareil » qui rythment les journées confinées en famille peut structurer un quotidien prévisible et partagé facilitant, voire nécessaire, pour la vie ensemble. Indispensable chez les plus petits, ils seront aussi importants pour les plus grands.
« Et si chaque jour nous mangions toujours un peu aux mêmes horaires, comme quand on est à l’école ? ». Pensez aux repas, au sommeil, aux activités, et tous ces moments importants de la vie commune.
Imaginez en famille ce qui peut être rituel ensemble, et plus qu’une contrainte, s’offrir l’occasion d’être d’accord sur les repères pour vivre ensemble ! Et pensez aussi aux rituels qui vont faciliter la vie pour les adultes : Et si chaque jour, chacun avait son « Temps à soi » dans la journée ?Et chez vous ? Quels sont les rituels décidés en famille ? Partagez vos idées…
Laurence RENAUD, directrice opérationnelle et psychomotricienne à l’Institut de la Parentalité.