Le Baby-Blues du post-partum
Entre le 3ème et le 6ème jour qui suivent l’accouchement, la maman ressent les effets de cet état que l’on appelle « baby-blues ». Celui-ci est d’une durabilité variable, allant de quelques heures à quelques jours, et peut être plus ou moins intense. Ainsi les jeunes mamans peuvent ressentir une confusion dans leurs émotions, passant du rire aux larmes rapidement. Les symptômes ressentis font également état de difficulté d’endormissement qui, diminuant le sommeil de la mère, accentuent son irritabilité.
Mais alors, qu’est-ce qui provoque le baby-blues ? Plusieurs éléments de réponses théoriques nous éclairent.
Ainsi en 1969, Winnicott décrit l’état psychique maternel et pré et post-portum immédiat comme une « préoccupation maternelle primaire », grandissant progressivement pour atteindre un niveau de sensibilité particulièrement élevé en fin de grossesse. Cette hypersensibilité permet à la mère de capter tous les « messages » de son enfant, mais dans le même temps, tous les « messages » venant de l’extérieur vont être captés avec la même intensité.
Ainsi, le baby-blues est un état d’adaptation normal à cette situation exceptionnelle qu’est la naissance de l’enfant. Il permet une « mise en relation » biologique entre maman et bébé, et leur présente mutuellement les compétences de l’un.e et de l’autre.
D’autres hypothèses d’explication de ce phénomène se basent cette fois non pas sur la psychologie mais sur la biologie. En effet aujourd’hui on sait (grâce aux recherches en neurosciences périnatales) que la sécrétion de nombreuses hormones, notamment le cortisol (l’hormone du stress), est régulée au sein du cerveau grâce à un mécanisme de contrôle. Ce dernier pourrait alors être diminué voire supprimé durant la période post-accouchement. En effet, pendant la grossesse sont produites des hormones comme la progestérone ou encore les œstrogènes qui modifient le cerveau durant cette période. Et impactant ainsi ce phénomène d’autorégulation, rendant beaucoup plus sensible le cerveau de la mère aux messages « stressants » et intensifiant ses émotions, et par extension les pensées négatives et brutales intervenant durant le baby-blues.
Baby-Blues et dépression post-partum
Il ne faut pas confondre ces deux phénomènes. En effet le baby-blues est un état passager et léger, tandis que la dépression du post-partum est un état médicalement diagnostiqué, qui dure plus longtemps. Ses symptômes surviennent en général un mois après l’accouchement et peuvent durer de longs mois voire plus d’une année.
La prise en charge du Baby-Blues
Le baby-blues ne nécessite aucune prise en charge particulière; cette période n’est d’ailleurs pas considérée comme pathologique. En effet, c’est surtout la relation avec les équipes de soignant.e.s, le fait de valoriser la mère dans ses fonctions maternelles ou encore une attitude rassurante, compréhensive et chaleureuse de son entourage qui suffisent généralement le faire passer.
Ainsi l’important est d’être à l’écoute de la jeune maman et de la soutenir afin qu’elle puisse élaborer ses affects douloureux et traverser « sans encombre » cet état si particulier. D’autant que le besoin d’une figure d’attachement sécure est particulièrement important pour une femme qui vient d’accoucher, comme l’est son besoin de sécurité. Ce dernier peut lui être apporté par son environnement familial, son cercle d’ami.e.s mais également pourquoi pas une aide physique et psychologique.
Dans certaines sociétés, la mère est particulièrement entourée et soutenue durant le mois suivant l’accouchement, souvent appelé « le Mois d’Or » (surtout en médecine traditionnelle chinoise). Ainsi, la maman reçoit et ressent une grande sécurité émotionnelle qui lui permet de réduire – voire d’éteindre complètement – son système d’attachement et d’activer au mieux son système de caregiving (prendre soin) pour son bébé.
Le père et le Baby-Blues
Et oui, les jeunes papa peuvent également ressentir un effet de baby-blues à la naissance de l’enfant ! Cette période n’est pas constatée pen tant que telle par la médecine, mais elle toucherait entre 5% à 10% des pères.
Véritable bouleversement émotionnel, pression d’une responsabilité familiale nouvelle, doutes sur leurs capacités paternelles : il est capital d’écouter ces jeunes pères et leur vécu émotionnel. Ce « daddy-blues » est aujourd’hui pris de plus en plus au sérieux par les maternités, notamment au travers de groupes de paroles ou des séances spécifiques dédiées, intégrées notamment dans le processus de préparation à l’accouchement. C’est d’autant plus important de prendre soin de ces jeunes pères – ou le partenaire de choix – et de les faire participer à toutes les étapes de la grossesse qu’i.e.ls seront d’une grande aide pour la maman. Et une aide d’autant plus précieuse car ils faciliteront ainsi l’adaptation de la mère aux nombreux changements qu’apportent la naissance.