À la rencontre de nos praticiennes – Françoise Fontich
À la rencontre de nos praticiennes – Institut de la Parentalité Bordeaux Floirac Parce que chaque parcours de vie est unique et que la parentalité soulève parfois autant de questions que d’émotions, l’Institut de la Parentalité de Bordeaux Floirac s’appuie sur une équipe de professionnels engagés, à l’écoute et profondément humains. Découvrez leurs parcours, leurs approches et ce qui les anime au cœur de leur métier dans cette série de portrait.
Françoise Fontich, psychologue à l’Institut de Floirac
Soutenir la compétence parentale, valoriser tout ce que le parent fait de bien, c’est le positionnement de Françoise. « Surtout, je veux dire aux parents : Venez comme vous êtes ! Ici on n’accueille pas uniquement des gens qui ne vont pas bien et qui souffrent. On accueille tous les parents fatigués, tous les parents qui se posent des questions. On est là pour accompagner, être ensemble sur le chemin de la parentalité »
Françoise Fontich a un parcours riche, des ados aux tout petits, de l’hôpital à la crèche, jusqu’à son arrivée à l’Institut de Floirac, en mars 2023. En 20 ans de métier, Françoise explique qu’elle n’exerce plus de la même manière. Elle a enrichi sa formation initiale (en psychopathologie clinique) de plusieurs techniques et surtout d’une grille de lecture, l’attachement, qui a modifié son écoute. Il y a beaucoup de douceur dans sa voix quand elle raconte son métier, son rapport aux enfants et à leurs familles, son soutien aux parents. Et en même temps beaucoup de conviction et de confiance dans les valeurs qui l’animent. Elle souhaite ouvrir à l’Institut des ateliers de méditation, et des groupes de parole pour les mamans victimes de violences conjugales.
« Un ado tout seul, ça n’existe pas, il faut travailler avec les parents ! ». Nous sommes au début des années 2000, Françoise débute sa carrière dans le service pour adolescents d’un hôpital psychiatrique à Pau. Une nécessité la traverse dès ce premier poste : se former à la thérapie familiale.
Et c’est le soutien à la parentalité qui va guider sa carrière. De retour à Bordeaux, elle exerce son métier de psychologue en crèche, puis dans le cadre de la Parentèle, structure d’accueil parents-enfants( 0-6 ans), dont elle prend la direction en 2010. Elle accompagne ses équipes à l’accueil des enfants et des familles, monte des Cafés des pères ou encore un groupe de travail en périnatalité, dans lequel elle rencontre un médecin de Libourne… le Dr Anne Raynaud !
Leurs chemins vont se croiser à nouveau dix ans plus tard. En 2022, Françoise est sollicitée par le psychologue Charles Ingles pour faire partie du comité de relecture d’un rapport visant à définir un socle de compétences en matière de soutien à la parentalité, qu’il coécrit avec le Dr Anne Raynaud.
Anne Raynaud a ouvert en 2017 le premier Institut de la parentalité à Floirac. Elle propose à Françoise de rejoindre l’équipe. En mars 2023, Françoise arrive à l’Institut. Entre-temps, elle a dirigé le service Famille et parentalité à la mairie de Bordeaux, a été responsable Qualité pour les 30 crèches de la ville et s’est formée à l’EMDR et à l’ICV, deux techniques complémentaires de thérapie.
» Un ado tout seul, ça n’existe pas, il faut travailler avec les parents ! «
Comment l’attachement est venu enrichir sa pratique
« Ce qui m’a donné envie de venir travailler à l’Institut, c’est l’équipe, se réjouit Françoise et la perspective de participer à des actions collectives : suivre et donner des formations, animer des conférences, monter des ateliers… »
À l’Institut, elle reçoit des familles et des enfants de 0 à 12 ans, des couples ou des parents seuls. Elle a gardé par ailleurs un cabinet à Latresne, où elle reçoit des ados et des adultes.
Pendant ses études, elle avait survolé la Théorie de l’Attachement. Elle la redécouvre en arrivant à l’Institut et change sa posture : « Avant, je me centrais sur l’enfant pour observer ce qui n’allait pas, explique-t-elle. Maintenant, à la manière des Québécois, je me dis : qu’est-ce qui ne va pas dans le système autour ? ». Car le nœud est là : les enfants sont dans l’interaction, ils réagissent à la sécurité ou l’insécurité qui leur est proposé par leur environnement. « Cette notion de sécurité émotionnelle est fondamentale, commente Françoise. Plus l’enfant va être en sécurité émotionnelle dans son lien avec son parent, mieux il traversera l’adversité que ce soient les disputes à l’école, le harcèlement, le décès d’un chien, d’un papi, d’une mamie, la séparation des parents… Il faut donc qu’on fasse tout pour que le parent lui offre cette sécurité ! ».
Les parents experts de leur enfant
Françoise travaille beaucoup en psychoéducation : il s’agit de donner aux parents les clés qui leur permettent de comprendre ce que manifeste leur enfant. Son objectif est de transmettre des connaissances aux parents, pour qu’ils développent leurs propres compétences. «Le plus souvent ce que le parent veut, c’est être le meilleur possible pour son enfant, explique Françoise. Et il est le mieux placé pour accompagner et aider son enfant». Par conséquent, à l’Institut, elle reçoit d’abord le ou les parents. Sans l’enfant. « Je souhaite avoir accès à ce qui se passe pour le parent, explique-t-elle, qu’il puisse raconter sans non-dit, l’histoire de la famille ou de l’enfant. Parfois, en présence de l’enfant, il y a des choses qui ne se disent pas. Je reçois l’enfant, lors du deuxième rendez-vous ».
La majorité de ses consultations ont à voir avec la gestion émotionnelle : les colères, les angoisses de séparation. « Avec les enfants de 6-10 ans, beaucoup de parents ont aussi des problèmes de gestion des écrans, constate Françoise, ils déplorent que leurs enfants « traînent », qu’ils « n’obéissent plus ». Je reçois aussi des enfants avec des troubles plus ancrés, liés à l’alimentation ou au sommeil, qui ont arrêté de manger ou n’arrivent plus à dormir… ».
Même si elle précise qu’elle a des biais (elle reçoit à priori des gens qui ne vont pas bien), elle observe beaucoup de souffrance dans les couples, des enjeux au niveau des choix éducatifs, de la sexualité, de la violence des hommes.
« Parfois, en présence de l’enfant, il y a des choses qui ne se disent pas. »
« Le plus souvent ce que le parent veut, c’est être le meilleur possible pour son enfant… »
« Venez comme vous êtes ! »
Soutenir la compétence parentale, valoriser tout ce que le parent fait de bien, c’est le positionnement de Françoise. « Surtout, je veux dire aux parents : Venez comme vous êtes ! Ici on n’accueille pas uniquement des gens qui ne vont pas bien et qui souffrent. On accueille tous les parents fatigués, tous les parents qui se posent des questions. On est là pour accompagner, être ensemble sur le chemin de la parentalité ».
Certains parents arrivent en lui demandant : comment je fais pour ne pas « abîmer » mon enfant ?Ils ont le sentiment d’être « nuls ». « Le défi pour eux aujourd’hui, c’est qu’on leur demande d’être parfait, commente Françoise. Mon but, c’est qu’ils renoncent à être parfait, tout en étant adaptés aux besoins de l’enfant dans leurs réponses. Il suffit qu’ils soient « suffisamment bon », comme disait le pédiatre Donald Winnicott. »
Françoise est devenue formatrice, l’occasion de transmettre son expérience de la parentalité, de la famille, des enfants. Elle souhaite aussi mettre en place des actions collectives, comme des temps de méditation pour les parents, pour les aider à réguler leurs propres émotions.
« Et je voudrais organiser des groupes de parole pour les mamans qui subissent ou ont subi des violences conjugales. J’en croise beaucoup dans ma patientèle. Je voudrais qu’elles puissent se rencontrer, échanger, que certains disent comment elles ont pu partir alors que d’autres sont encore coincées, n’y arrivent pas. Ces échanges peuvent réellement soutenir, aider ».
Françoise est une femme de conviction, son sourire lumineux porte bien des combats.
« On est là pour accompagner, être ensemble sur le chemin de la parentalité . »
« Je voudrais organiser des groupes de parole pour les mamans qui subissent ou ont subi des violences conjugales. J’en croise beaucoup… »
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