Encourager la sensation et le mouvement
Les travaux de l’Institut Pickler Loczy ont largement décrit les concepts de motricité libre et d’activité libre qui nous proposent une approche respectueuse considérant l’enfant comme « un partenaire doué de compétence, porteur d’une force de développement et actif dans ses interactions avec son environnement humain et physique » (2)
Il s’agit de soutenir le développement psychomoteur de l’enfant en lui permettant tout d’abord de se sentir, ce qui est indissociable de se mouvoir.
Par exemple, pour installer l’enfant en situation propice à développer ses compétences tant qu’il ne parvient pas seul à la position assise, il est essentiel de le positionner régulièrement allongé à plat sur le dos, le bassin dans l’axe. Ainsi, l’adulte qui reste à proximité de l’enfant lui offre la possibilité de sentir ses possibilités sensorielles et motrices, en attrapant ses pieds, en portant les objets à sa bouche, dans un climat chaleureux et bienveillant. L’usage de jouets attrayants pourra susciter chez l’enfant le désir de s’étendre, d’aller vers, et cet étirement conduira l’enfant progressivement à faire ses retournements. Les retournements de l’enfant sur un sol accueillant (c’est à dire un sol sur lequel il est bon de s’allonger) lui permettent de sentir le volume de son corps, de prendre conscience de ses appuis, et d’exercer sa force en se stabilisant peu à peu pour accéder plus tard et progressivement au plan vertical.
Offrir la possibilité à l’enfant d’exercer sereinement, en régulant lui-même à son rythme ses activités libres, ses jeux sensori-moteurs, ses sollicitations d’interactions avec l’adulte, c’est permettre au tout-petit de développer sa stratégie d’appropriation et de connaissance du monde et de construire son sentiment de sécurité.
Sécuriser l’environnement, adapter le matériel
Adapter la qualité de l’environnement et l’espace de vie de l’enfant au fur et à mesure de son développement lui permet d’éprouver par l’expérience, de s’approprier les objets, son espace, et d’y exercer sa « puissance » toute relative (1). Le dispositif spatial est pensé en fonction des besoins de l’enfant et des possibilités des lieux par le cadre, la dimension, les limites et le contenu du matériel.
Il est important de sécuriser cet espace d’expériences afin que chaque nouvelle exploration se fasse dans le plaisir, que les premières chutes soient amorties et construisent un rapport de confiance avec le sol. Depuis les premiers retournements, en passant par les redressements, les transferts de poids conduisant aux différentes manières de ramper, vers l’acquisition de la station assise, puis de la station à genoux, en passant ou pas par le quatre pattes jusqu’à la marche, l’enfant a besoin d’expérimenter ses appuis et ses repoussés avec le sol. Il est essentiel de proposer des sols de différentes densités (tapis, matelas, sable, sol dur, coussins…) permettant à l’enfant de bouger, changer de position, faire des jeux d’équilibration dans un espace où les émotions sont toujours autorisées et apprivoisées.
Le matériel et les modules intérieurs ou extérieurs permettant de prendre appui sur des niveaux intermédiaires pour passer du sol à la station debout ainsi que toutes les structures conduisant à grimper, escalader, sauter, se hisser… sont autant d’espaces de jeux, de plaisirs et d’explorations nécessaires et structurantes pour l’enfant en pleine construction de son axe identitaire.