« On se marche sur les pieds », « on est les uns sur les autres », « il est toujours sur mon dos », « j’ai perdu mon espace vital », « il me faut de l’air »… autant d’expressions qui racontent combien le confinement vient soudain faire effraction à notre espace vital tant psychiquement que corporellement.
Alors comment aider nos petits à trouver des repères stables, cohérents et prévisibles dans cette nouvelle configuration?
Un lieu ressource
Déjà, vous pouvez prendre soin de vous en vous ménageant un espace à chacun, une sorte de « coconfinement » pour reprendre une expression qui circule sur les réseaux (cf article Marguerite de Livron), même s’il s’agit d’un tout petit espace. Ce lieu ressource est l’occasion de se sentir exister soi, seul et en sécurité, de se recentrer, de rêver ou de se calmer quand cela est nécessaire. Vous pouvez aider votre enfant à construire son cocon, y mettre les objets qui comptent pour lui, le protéger de la vue des autres… Plus votre enfant est petit, plus il aura besoin de votre présence et de votre soutien pour l’investir. Vous pouvez y passer des moments de partages simples, doux et affectueux. Si votre enfant est plus grand, construire son cocon sera peut-être pour lui l’occasion de vivre une expérience émancipatrice et il est important de lui expliquer l’importance du respect de cet espace pour lui tout comme pour vous.
Structurer les espaces : le télétravail
Organiser les espaces de votre domicile avec des fonctions et des règles clairement explicitées : ce qui est autorisé, ce qui est interdit, ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas, permettra à vos enfants de s’adapter plus facilement à ces changements. Rythmer le quotidien, définir des rituels en changeant de lieu peut faciliter l’intégration des repères, surtout pour les tout-petits (cf Article de Laurence Renaud sur les rythmes et les rituels). Les repères temporels et spatiaux sont structurants et essentiels pour trouver à l’intérieur de ce cadre du jeu et de la liberté. En définissant votre espace de télétravail et en l’expliquant à vos enfants, ils pourront plus facilement repérer les moments où vous êtes disponibles et ceux où vous l’êtes moins. Il leur sera alors (en fonction de leur âge) plus facile de faire la différence entre vos temps de travail, vos temps de pause et ainsi de patienter.
Les espaces extérieurs
Profitez des espaces extérieurs au maximum si vous en avez. Si vous n’avez pas d’espace extérieur, fixez vous des temps de sortie dans la journée, en respectant les recommandations qui à ce jour sont les suivantes :
- Il est autorisé de faire une sortie par jour « indispensable à l’équilibre des enfants » avec un enfant à la fois de préférence, pendant laquelle vous et vos enfants n’entrent pas en contact avec d’autres personnes, vous devez garder une distance d’au moins deux mètres avec les personnes que vous croisez et évidemment, lavez vous les mains dès que vous rentrez chez vous. Vous devez impérativement vous munir d’une attestation pour la sortie.
- Expliquez ces règles à vos enfants, ils comprendront vite que cela vaut la peine de les appliquer.
Espace et Disponibilité
Enfin, être à proximité de votre enfant ne veut pas dire que vous êtes disponible émotionnellement et psychiquement pour lui et il le sent. Un tout petit a besoin de proximité pour pouvoir explorer et se rassurer tout au long de la journée en expérimentant son cercle de sécurité entre son espace de découverte et vos bras qui le rassure (cf cercle de sécurité). Plus l’enfant grandi, plus il a besoin de votre attention sur des temps définis, pas forcément longs mais suffisamment investis par votre écoute et votre attention pour qu’il fasse le plein de votre présence et se sente soutenu et réconforté. Si malgré tout, vous ressentez trop de pression, autorisez vous à passer le relai ou faire des pauses dans votre espace ressource quand cela est nécessaire. Pour conclure, l’espace de confinement est avant tout un lieu de vie, de relations, qui peut se moduler en fonction des besoins de chacun, des temps de la journée et des imprévus ou des surprises.
Céline Robert, Formatrice psychomotricienne à l’Institut de la Parentalité