Il y a quelques jours, le Président de la République, Emmanuel Macron, nous informait que le confinement se prolongerait au moins jusqu’au 11 mai. Ce qui signifie un mois de plus en télétravail ou sans activités pour les indépendants, un mois à jouer les enseignants, les cuisiniers, les animateurs sportifs et d’activités récréatives… un mois en multifonction, sans échappatoire, sans un temps pour remonter à la surface, prendre l’air, respirer et se ressourcer.
Si la tâche est déjà d’énorme envergure pour un couple, nous imaginons bien que pour un parent seul avec ses enfants, il y a redoublement d’effort.
Les droits de visite et autorité parentale:
Tout d’abord, face au risque sanitaire lié au Covid-19, de nombreux parents séparés se sont inquiétés des conséquences du confinement sur l’exercice du droit de visite et d’hébergement ainsi que de l’organisation ou réorganisation des modes de gardes.
Rapidement, les membres du gouvernement ont détaillé que les déplacements pour garde d’enfants étaient autorisés en cochant la case « motif familial impérieux » sur l’attestation dérogatoire de déplacement. Voilà qui a très vite rassuré les parents. Néanmoins, il est important de se poser quelques questions supplémentaires et spécifiques à chaque famille :
Concernant la décision de mode de garde, quelle est la meilleure décision pour mes enfants ? Quelle est la décision qui les protégera le mieux des risques d’infection ? Quelle est la décision qui leur assurera une plus grande stabilité et sécurité émotionnelle ? Certains parents ont choisi de laisser les enfants avec l’autre parent, le temps du confinement, visant la meilleure protection au vu d’une activité professionnelle qu’ils maintiennent…. Ou bien, pour que l’enfant bénéficie du contact avec le parent qu’il voit le moins en période scolaire… ou encore, en considérant les conditions d’habitation, l’existence ou pas d’un espace extérieur, d’un jardin qui faciliterait les conditions de confinement. D’autres assument la parentalité seuls (ou presque) pendant cette période.
Il me semble important de rappeler les termes de l’article 371-1 du Code Civil qui dispose que « L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. Elle appartient aux parents jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. L’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques.
Les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité. »
L’unité familiale au delà de la séparation:
Garantir à l’enfant stabilité et sécurité émotionnelle et différencier l’intérêt du parent à celui de l’enfant, doit être au centre de la décision. Certes, les conditions matérielles et d’espace sont importants et peuvent fortement faciliter l’adaptation à ce huis-clos qu’est le confinement, mais l’enfant a – avant tout – besoin de sa/ses figures d’attachement et de les « utiliser » librement pour trouver réconfort pour l’adaptation à cette toute nouvelle condition de vie. L’enfant a besoin de maintenir le plus possible ses repères, ses habitudes, même si elles s’organisent aujourd’hui d’une manière différente. Il incombe aux parents de faire en sorte que ces repères soient conservés le plus possible.
Évidemment, si l’enfant est malade ou fragile, ou si l’un des parents présente des symptômes physiques inquiétants, il sera de l’intérêt supérieur de l’enfant de suspendre le mode de garde pour qu’il reste au domicile de l’un de ses parents pour un plus long terme, le protégeant ainsi des risques d’infections.
Mais, attention à ce que les mesures de confinement actuelles ne soient pas pour certains, une « bonne excuse » pour tenter de priver l’autre de l’exercice de son autorité parentale ou, pour mieux dire, de priver ses enfants du contact avec son parent. Attention donc à ne pas « mélanger les torchons et les serviettes ». En cette période si particulière, il est essentiel de privilégier la protection, minimiser les risques d’infections et de propagation du virus mais aussi ne pas oublier de maintenir l’unité familiale, privilégier les liens enfants-parents et les ressources de la famille, elles-mêmes qui se retrouvent au cœur de la stratégie de lutte contre ce virus. Pour la première fois dans l’Histoire, se maintenir dans le cocon familial est l’arme la plus puissante.