Estelle Jakubowski, psychomotricienne à l’Institut de Floirac

Psychomotricienne ? Estelle sourit : beaucoup de personnes viennent la voir sans savoir exactement en quoi consiste son métier.  Elle l’explique volontiers avec des mots simples et clairs. Mais elle précise aussi très vite qu’il n’y a ni notice, ni magie, ni protocole (surtout pas le même pour tous !) dans son accompagnement. Estelle préfère parler de cheminement et précise qu’elle sollicite largement les parents. Pour avancer, tout le monde se retrousse les manches ! Elle aime travailler avec les enfants ET avec les parents. Elle aime cet ajustement entre le professionnel et la famille, elle aime cette confiance et cette énergie qui vont dans les deux sens. Toujours au bénéfice de l’enfant. 

Elle occupe un des plus grands bureaux de l’Institut, où l’on remarque tout de suite le long tapis jaune au sol. Ici on se doute que le corps est en action. « Mais pas que… », précise tout de suite Estelle avec un grand sourire. Elle reçoit des petits patients de 0 à 6 ans, surtout des 3-6 ans. Mais pas que, reprend-elle… les parents sont les bienvenus ! Car Estelle a très vite découvert dans son parcours combien prendre en compte l’environnement de l’enfant – la famille, l’école, les activités…- permettait à l’enfant de progresser plus vite face aux difficultés qu’il rencontre.   

Elle apprécie particulièrement de venir travailler à l’Institut, où les parents dit-elle sont demandeurs d’aide pour eux-mêmes en tant que parent. Elle aime son bureau, mais pas que… elle apprécie beaucoup aussi la cuisine, haut lieu de partage et d’échanges entre collègues de l’équipe !

C’est quoi un psychomotricien ? 

Estelle exerce son métier de psychomotricienne depuis 8 ans. Elle a suivi ses études en région parisienne, effectué ses stages en institution, en EHPAD, en crèche. Elle s’est d’abord installée dans un cabinet pluridisciplinaire : « je ne voulais pas être en libéral seule, j’ai rejoint un ostéopathe, un psychologue, un psychiatre, un podologue, raconte-t-elle. J’ai tout de suite été à l’aise avec les motifs de consultation que je croisais : des retards de développement psychomoteur, tout ce qu’on étiquette aujourd’hui comme TDAH, HPI, etc. , les troubles des apprentissages ou les difficultés de gestion émotionnelle ». 

Au fait, en quoi consiste exactement le métier de psychomotricien ? « C’est une question qu’on me pose souvent ! sourit Estelle. Dans psychomotricité, il y a « motricité » mais aussi « psycho ». Je ne travaille pas uniquement dans la rééducation du corps, c’est ce qui différencie mon métier de celui d’un kiné par exemple ». 

Estelle explique donc que la psychomotricité est une approche globale qui va prendre en compte à la fois la sphère intellectuelle (le raisonnement, l’attention, la concentration, la logique, la mémoire, le traitement visuo-spatial), la sphère psycho-affective (les émotions, le comportement, les compétences relationnelles) et la sphère motrice (la coordination, la dissociation, l’équilibre, la motricité fine, l’écriture). Ces trois sphères interagissant entre elles en permanence.

« Pour faire un bilan, confirme Estelle, je vais chercher ces trois sphères. Je commence par un entretien d’anamnèse, un entretien initial au cours duquel je retrace l’histoire du patient, depuis qu’il est petit. Des questions précises sur ce qui se passe à la maison, à l’école, vont m’aiguiller, aiguiser mes observations. Je passe ensuite au bilan psychomoteur : ce sont des tests qui permettent de voir où sont les difficultés, pourquoi, et comment je vais établir des objectifs thérapeutiques pour accompagner le patient ». 

On peut faire un bilan à tout âge, avec un bébé de quelques mois comme avec un adulte. 

« La psychomotricité est une approche globale« 

« On peut faire un bilan à tout âge, avec un bébé de quelques mois comme avec un adulte. »

Inclure la famille dans l’accompagnement 

Estelle poursuit son parcours en région parisienne en travaillant dans un CMP, Centre Médico-Psychologique, employée par l’hôpital. Ses petits patients ont entre 3 et 12 ans. « J’ai senti très vite qu’il fallait que j’inclue la famille et les parents dans mon accompagnement, se souvient Estelle. Dans les études, on n’abordait peu la question de l’environnement. Au tout début, je recevais l’enfant seul, j’échangeais 2-3 minutes à la fin de la séance avec le parent. Mais je sentais qu’il manquait quelque chose ! Je passais à côté de tout ce que la famille pouvait mettre en place à la maison, à l’école et ailleurs pour aider l’enfant ».

Estelle commence donc à s’intéresser au monde de la famille et de la parentalité en lisant des articles. Elle change son positionnement, inclue les parents dans sa pratique. « J’ai choisi de faire certaines séances pour les parents, je les recevais individuellement de manière plus régulière. Et j’ai commencé à observer des progrès chez les enfants ».

Estelle arrive à Bordeaux en 2022. Elle s’installe dans un cabinet libéral à Cenon, dans lequel elle exerce toujours. C’est là qu’elle croise, à l’occasion d’une inauguration, une collègue de l’Institut de la Parentalité de Floirac. Elle apprend que l’équipe cherche une psychomotricienne. « Je voulais compléter mon temps de travail et la parentalité était tout ce qui m’intéressait vraiment, je suis venue ! ». Estelle intègre l’institut en mars 2023. « En arrivant, poursuit-elle, j’ai suivi la formation sur les styles d’attachement, qui m’a encore plus confortée dans mon intérêt pour la parentalité. Elle m’a apporté des outils dont je me sers quotidiennement. Que ce soit ici, ou à Cenon. La formation portant sur les styles d’attachement m’a permis une lecture différente de ce qui peut se passer dans la relation entre des parents et leurs enfants ».

« J’ai senti très vite qu’il fallait que j’inclue la famille et les parents dans mon accompagnement »

« La parentalité était tout ce qui m’intéressait vraiment »

« La formation portant sur les styles d’attachement m’a permis une lecture différente »

Faire équipe 

« Quand on travaille en libéral, c’est compliqué de faire équipe, témoigne Estelle. On n’a pas les mêmes emplois du temps, on ne travaille pas de la même façon… A l’institut, ça marche parce qu’il y a un projet commun : travailler autour de la parentalité. Ça forge une identité. On a des réunions communes et la possibilité de proposer des actions collectives ».

Estelle s’est lancée dans la co-animation de conférences et d’ateliers parents, dans le cadre des programmes A.V.I.O.N proposés par l’Institut. « C’est en visio, les parents viennent des quatre coins de la France, détaille Estelle, c’est ouvert à tout le monde. On est deux professionnels à sensibiliser sur le lien d’attachement, sur le développement cérébral de l’enfant, sur ses besoins, sur la parentalité. Les parents sont là pour exposer leurs difficultés, ça leur permet à la fois de moins se sentir seul, d’avoir des apports théoriques et des échanges cliniques avec nous ». 

Pourquoi les parents viennent-ils la consulter à l’Institut ? « La majorité des motifs de consultation tournent autour de problèmes de « crise de colère » ingérables – ce sont les parents qui emploient cette expression », répond Estelle. Ce motif en englobe bien d’autres, tous en lien avec les émotions. « Sur les crises de colère, en tant que psychomotricienne, explique Estelle, je vais entre-autres avoir une approche corporelle. Certains enfants n’ont pas accès à la verbalisation, ou alors ils parlent très bien mais ils n’ont pas du tout envie de parler de leurs émotions. Je vais passer par le corps, par le jeu, ce qui marche vraiment bien avec des enfants ».

Estelle reçoit aussi autour de motifs plus « classiques » en psychomotricité, comme les problèmes de graphisme, de retard psychomoteur dans les acquisitions motrices, dans le domaine visuo-spatial, de régulation tonique, de motricité fine, etc.

Chaque parent a sa singularité et fait comme il peut 

Estelle sent que l’exercice de la parentalité est difficile pour beaucoup de parents aujourd’hui. Bien sûr, ceux qui viennent consulter sont des parents qui rencontrent justement des difficultés. Mais quand même ! La faute à qui, à quoi ? Elle est nuancée sur l’influence d’internet et des réseaux sociaux : elle voit tout le côté positif de l’accès pour tous aux recherches sur le développement de l’enfant, sur ses besoins. Elle est positive sur le partage d’expérience, via Instagram, de mamans en difficulté qui témoignent sur le fait de pouvoir y arriver et de ne pas culpabiliser. « Ça aide d’autres parents, c’est sûr, commente Estelle. Le problème vient plutôt du côté utopique sur les réseaux : tout est beau, tout est joli, tout est facile ! Malheureusement non, ça ne marche pas comme ça ! La parentalité n’est pas une notice avec 10 tirets, soyez comme ci, soyez comme ça. Chaque parent a sa singularité et fait comme il peut ».

Estelle va plus loin : « On ne doit pas vous dire, hop, coup de baguette magique, vous allez devenir ce parent-là. Chacun fait avec qui il est ». Estelle alerte donc sur les « modèles » (évidemment du parent parfait) : « certains parents arrivent en disant : on a acheté ce livre, mais on n’arrive pas à être comme ça. Je leur réponds, au contraire, on ne vous demande justement pas d’être comme dans le livre ! Parlons de vous : qu’est-ce qui fait que vous vous sentiriez bien en tant que parent ? Avec vos limites, que vous devez respecter, avec la connaissance que vous avez de votre enfant, avec ce que vous pouvez ou non modifier…»

Souvent, les parents lui demandent : et il y a besoin de combien de séances ? Elle répond alors : « je comprends votre question mais je ne peux pas y répondre, cela va dépendre de comment on avance ensemble. C’est comme avec une serrure, il faut parfois essayer 20 clés avant que ça fonctionne ». De manière générale, elle a envie de leur dire : « Bravo d’être là, c’est déjà énorme de venir ! Ici, on vous accompagne sans jugement. On a des outils, on peut vous aider, les choses peuvent changer… ».   

« Chaque parent a sa singularité et fait comme il peut »

« Bravo d’être là, c’est déjà énorme de venir ! Ici, on vous accompagne sans jugement. »

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