Nous étions attendus par les équipes de plusieurs universités avec un souhait profond de croiser nos regards. En effet, nos lectures cliniques, et plus largement leur regard sur la vie se distinguent des nôtres ouvrant à des pratiques renouvelées. Chez eux, c’est réellement la sécurité de l’enfant qui l’emporte pour la mise en œuvre de leurs pratiques et de leurs dispositifs, ce qui rend leurs process vraiment différents de notre manière de faire. En voici en quelques mots le résumé : 

Les points forts 

La sécurité émotionnelle de l’enfant : ce point est assez implicite, car peu décrit directement, mais totalement inscrit dans leur mode de pensée : Que peut vivre l’enfant ? Comment lui apporter l’environnement cohérent et stable dont il a besoin ? Comment faire en sorte de réorganiser les attendus vis à vis de l’enfant, y compris par une remise en question du système ?  

Une grande transversalité : leur souci de l’Autre induit beaucoup de réflexions autour du « travailler ensemble ». La plupart de leurs services sont organisés pour fonctionner en complémentarité, avec le souci d’une transversalité : ce n’est ni à l’enfant ni aux parents de faire le travail de coordination qui incombent aux institutions. 

Des pratiques inspirantes : La mise en œuvre de programmes probants, la coordination des acteurs, et la formation sont au cœur de leurs préoccupations. Les objectifs sont pluriels : augmenter les compétences parentales, diminuer le stress parental, favoriser l’intégration des familles souvent isolées, faciliter l’adaptation sociales des enfants, mais aussi diminuer le taux de placement et améliorer les pratiques professionnelles. 

Les visites 

Jour 1 

CIUSSS de Québec : 

  • Programme Elan Famille : 

Mise en œuvre de programme d’intervention en négligence. Majoration de leurs programmes de soutien à la parentalité, dans une grande proximité avec les parents, car c’est par la proximité et une lecture universelle, qu’ils ont pu observer une diminution significative des négligences. Cela à différentes fins, telles que : l’augmentation des compétences parentales, la baisse du stress parental, une meilleure intégration des familles, une meilleure adaptation sociale des enfants, une baisse du taux de prise en charge des enfants, une baisse du taux de placement, une baisse de la transmission intergénérationnelle de la négligence, ou encore une amélioration des pratiques des intervenants.

  • Programme Prospeq : 

Programme de soutien à la parentalité qui intègre, en plus de l’offre préexistante, la paire aidances entre parents en difficulté. Nous y avons trouvé une graduation des propositions entre la promotion et le soutien plus individualisé. Ce moment fut très riche, car nous avons pu échanger autour de notre expérience dans la mise en œuvre des actions menées par nos instituts qui sont construits sur cette pensée graduée.

Jour 2 

CIUSSS de Québec : 

  • Visite du SIAM (Service Intégré en Abus et Maltraitance) : 

Afin d’améliorer la prise en charge de l’enfant victime de violences, une équipe spécifique a été créée autour de l’enfant. En un lieu unique, l’enfant qui est signalé comme victime d’abus ou de maltraitance est reçu dans cette équipe. Il peut être accompagné par son parent non-abuseur. Il sera accueilli par un psychoéducateur et restera dans ce même lieu pour faire sa déclaration qui sera enregistrée par les policiers présents et celle-ci ne sera plus à réitérer, un pédiatre spécialisé le recevra et l’examinera, sans passer par la case hôpital, il sera également reçu dans un centre du trauma, qui pourra lui proposera un suivi, ainsi que toute offre nécessaire à accompagner cet enfant victime de violence.

  • Programme HOPE : 

Programme dédié à construire un parcours de soin cohérent et sans rupture pour les enfants de parents ayant une pathologie psychiatrique. Le suivi est assuré de l’âge de 5 ans à 25 ans. Une infirmière clinicienne nommée ici « infirmière navigatrice en santé mentale jeunesse » se charge de faire des liens entre tous les acteurs de prise en charge. Le constat étant que plus de 50% de ce public présente des troubles du comportement. Ici, l’approche est systémique et longitudinale. 

Jour 3 

CIUSSS de Québec : 

  • Accueil des adolescents en protection de l’enfance : Cette matinée a été très riche, axée sur les processus de placement au Québec. Nous avons pu y découvrir des études sur le profil de ces enfants et de leurs besoins, mais également les dispositifs mise en œuvre pour prendre soins de ces enfants, en particulier les familles d’accueil de proximités, des tiers proches de l’enfant dans son quotidien, qui font résonnance avec la loi Taquet de 2022 sur le tiers digne de confiance.
  • Présentation d’une étude sur le « délai langagier » – retard de langage (version québécoise) : les premiers résultats mettent en exergue l’importance de la qualité des interactions dans le développement du langage, confirmant ainsi le rôle central du sentiment de sécurité dans l’exploration du langage.
  • Présentation étude sur le stress parental : Premiers résultats : la recherche des vulnérabilités ont permis de définir plusieurs groupes de mères avec des niveaux de stress différents et de les mettre en adéquation avec les capacités de caregiving. 

Jour 4 

Université de Sherbrooke à Montréal : 

  • Rencontre avec Claud Bisaillon : chercheuse clinicienne qui a traduit le programme du cercle de sécurité en français. Elle développe de nombreux travaux de recherche sur la clinique de l’attachement et souhaite que nous puissions collaborer avec son équipe. Elle investit actuellement le champ de la mentalisation. Ce fut l’occasion de nombreuses questions croisées sur nos pratiques respectives. 

Hôpital des enfants de Saint Justine à Montréal : 

  • Rencontre avec Jean-François Chicoine : A l’occasion du colloque des pédiatres français, nous avons animé une table ronde commune : 3 heures autour de la situation des jeunes enfants en France et au Québec : le contraste est saisissant ! Avant tout diagnostic, dans la petite enfance : questionnement sur la sécurité émotionnelle de l’enfant + l’existence éventuelle de micro-trauma qui pourraient expliquer les comportements d’attachement, avant de poser un diagnostic neurodéveloppemental. Ils ont été très interrogatifs de découvrir ce que nos enfants vivaient dans notre modèle éducatif français : scolarisation et attendus scolaires très jeunes par exemple. 

En somme, nous avons vécu un voyage passionnant et inspirant au pays de Champlain et au cœur d’un Québec accueillant et chantant. 

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