Est-ce parce que le rythme a changé, qu’elle se dépense moins dans la journée, est-ce parce qu’elle n’est pas fatiguée ? Est-ce parce que quelque chose l’inquiète ? Est-elle angoissée par la période que nous traversons ?

Difficile de le savoir, peut-être que l’ensemble de ces pistes sont à explorer :

C’est vrai que le rythme a changé et que votre enfant qui se dépensait sans compter dans la cours de récréation plusieurs fois par jour ne peut plus le faire. C’est vrai aussi que la stimulation d’une classe de 20 à 30 élèves, que le travail demandé par la maîtresse ou le maître en terme de concentration, d’apprentissage et de mémorisation n’est plus la même. Physiologiquement son corps perçoit ces changements de rythme et s’ajuste. Il consomme moins, il a moins besoin de se reposer. Il faut donc peut-être patienter plus longtemps avant de sentir le sommeil arriver.

C’est vrai aussi que nous sommes inquiets, inquiets du confinement, de l’épidémie, du télétravail, de la reprise (quand et dans quelles conditions ?), que nous sommes préoccupés pour nos proches, familles et amis…Peut-être a-t-elle les mêmes inquiétudes et préoccupations que nous ? Peut-être ressent-elle de l’inquiétude face à ces changements de rythme, de routines, de journées. Peut-être ressent-elle de l’incompréhension face à des informations contradictoires : papa et maman sont à la maison, présents mais pas disponibles, on ne doit pas sortir dehors car c’est dangereux mais papa et maman sortent dehors faire les courses… Et qu’elle rumine cela au moment de se coucher.

Ce que retient votre enfant dans la journée peut se libérer la nuit, quand nous nous séparons et que le corps se relâche. Inconsciemment, durant le sommeil se produit un phénomène de libération, libération des tensions accumulées, des émotions retenues et des éprouvés accumulés dans la journée.  Le sommeil peut alors devenir le terrain d’enjeux que nous percevons sans les identifier précisément. Voici 3 piliers sur lesquels s’appuyer pour faire de l’endormissement un moment apaisant et serein   :

La relation

Parce que le confinement impose une temporalité différente, floute les temps de séparations et retrouvailles, votre enfant peut se mettre à appréhender les temps où il se retrouve seul. La nuit en est un. Lorsque vient le moment de l’endormissement, il peut annoncer pour votre enfant un moment de rupture, de scission entre vous et lui.

Votre présence et votre disponibilité dans la journée vont pouvoir l’aider à mieux se séparer le soir. Votre enfant peut accepter de se séparer s’il a fait le plein de relation en amont. Si ce n’est pas le cas, il peut résister à cette séparation (a du mal à se mettre au lit, s’agite, demande  à ce que vous restiez présent avec  lui…). Lorsqu’il « résiste au sommeil » il manifeste en réalité son besoin de relation et de sécurisation. Souvent, nous lui disons que ce n’est pas le bon moment et lui rappelons que maintenant c’est l’heure de dormir et donc de se séparer. Ce qu’il ne peut pas faire. En permettant des moments de retrouvailles et de disponibilité dans  la journée vous agissez sur la capacité de votre enfant à s’endormir rempli de cette relation et donc à supporter la séparation.

La sécurité

Les rituels du coucher ont une fonction essentielle : créer un environnement favorable pour s’endormir rassuré. Ces rituels sont nécessaires car ils nous permettent de créer les conditions environnementales favorables à un « bon endormissement ». Pour cela, dès que notre enfant le peut nous pouvons lui demander de quoi il a besoin pour bien s’endormir. Le contenu du rituel est à choisir avec l’enfant, sa durée est à la charge de l’adulte. L’objectif est à travers ces échanges ludiques que la séparation soit davantage tolérée. En répétant chaque soir le même rituel vous créez une atmosphère apaisante et sécurisante. A travers cette succession de moments partagés (lecture, écoute de musique douce, câlins…) vous permettez à votre enfant de repérer que c’est le moment de dormir.

Le doudou peut être un bon allié, objet ressource pour votre enfant, il peut être sécurisant en votre absence.

La sécurité passe aussi par le lieu. Votre enfant se sent-il en sécurité dans sa chambre ? Y passe-t-il du temps à jouer dans la journée ? Peut-il y être seul ? La chambre doit être un lieu sécurisant pour votre enfant. Pour cela cette pièce doit être un lieu où il y a fait des expériences agréables, de jeux, de câlins, de refuge. Rappelez-vous que le sommeil est un temps où nous nous séparons et que votre enfant peut se sentir insécurisé à l’idée de se retrouver seul durant la nuit. Plus il aura des souvenirs positifs dans sa chambre : des temps de jeux, de ressources dans la journée plus il pourra s’appuyer dessus au moment de se retrouver seul.

Parce que le confinement a engendré de nombreux changements (emploi du temps, rythme des journées, absence de sorties…)  votre enfant peut se sentir perdu et avoir besoin de vérifier plusieurs nuits d’affilées parfois que vous êtes bien à la maison le soir et la nuit générant desréveils nocturnes. Cette vérification vise à le rassurer et à éteindre son alarme interne qui est toujours plus facilement activable la nuit. (cf. article papa joue avec moi pour plus d’explication sur l’activation de l’alarme interne de l’enfant).

Parce qu’il a peut-être entendu ou vu des images inquiétantes, qu’il perçoit les préoccupations ambiantes, il peut se sentir anxieux et avoir un sommeil perturbé fait de cauchemars ou de pipi au lit. Ces changements dans son sommeil sont les signes que quelque chose le perturbe. Vous pouvez lui proposer d’en parler dans la journée. Dialoguer avec votre enfant, poser lui des questions sur ce qu’il a compris, sur ce qui l’inquiète. S’il est jeune vous pouvez l’aider en formulant vous-même des hypothèses : « peut- être que tu ne comprends pas car tu nous vois aller dehors faire les courses alors que tu sais que c’est interdit d’être dehors », « peut-être que tu as peur pour papy, mamie », « peut-être que tu es triste car tu ne vois plus tes copains et copines »… Plus votre enfant pourra aborder ses émotions et ses préoccupations durant la journée moins elles l’envahiront au moment de l’endormissement.

La relaxation

Pour pouvoir s’endormir, le corps à besoin d’être détendu et relaxé. Les écrans (télévision, ordinateur, téléphone…) sont donc à proscrire avant le sommeil et au moment de l’endormissement (cf. article les écrans pour plus de précision sur la place des écrans durant le confinement). Parce qu’ils génèrent un mouvement rapide des yeux pour suivre les images, qu’ils renvoient une lumière qui influe sur notre horloge biologique, ils empêchent la sécrétion de mélatonine qui facilite le sommeil. Les activités calmes, les temps d’apaisement et de relaxation sont à privilégier.

Rappelons-nous que pour accompagner notre enfant à faire de l’endormissement un moment apaisant c’est avant tout dans la journée que nous devons agir à travers :

  • Des temps relationnels fréquents et de qualité
  • Un investissement positif de sa chambre
  • Un dialogue sur ses préoccupations permettant une libération des émotions et tensions

Quelques références :

  • Rituel zen de Pascal Pavy
  • Cet enfant qui ne dort pas Lyliane Nemer Pier
  • « Cohérence Kid » cohérence cardiaque pour les enfants David O’Hare et « Cohérence Kid musique » d’Anthony DOUX

Anaïs THETIOT, psychologue et formatrice de l’Institut de la Parentalité

l’équipe de l’institut de la parentalité vous accompagne dans cette période de confinement par des articles, des permanences conseil téléphoniques gratuites, des téléconsultations, et se tient à votre disposition pour échanger. 07.690.990.73.

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